Mamadou Koulibaly : « J’ai aidé Gbagbo à vendre la Côte d’Ivoire à la France. J’assume »

« Tout le monde me connaît dans ce pays. Gbagbo m’a fait l’honneur de me nommer comme ministre de l’Économie et des Finances dans son premier gouvernement, dont j’étais le porte-parole.

Je fus, par la suite, élu député de Koumassi (commune d'Abidjan) lors des législatives de décembre 2000, puis président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire en janvier 2001, fonction que j’ai exercée pendant 11 ans jusqu’à la chute de Gbagbo Laurent le 11 avril 2011. J’ai même été ancien président par intérim pour quelques mois du Front populaire ivoirien à l’issue de la crise post-électorale.

Je reconnais que je n’aurais pas dû laisser Gbagbo Laurent être le meilleur défenseur de la France. Pendant toutes ces années, sous mon regard complice, il a tout donné aux Français. Il a renouvelé les concessions de l’eau et de l’électricité à son ami Martin Bouygues, de gré à gré. Pareil pour la téléphonie, qu’il a redonnée hors toute procédure légale à France Télécoms. Il a offert le terminal à conteneurs du port d’Abidjan à Bolloré, sans appel d’offres Malgré toutes nos mises en garde, il a confié l’élaboration et la gestion du fichier électoral à la Sagem. Sa campagne a été conçue et gérée par Stéphane Fouks, d’Euro RSCG. Un de ses principaux financiers était Bolloré. Il a confié ses sondages à la Sofres, entreprise française. Entre les deux tours, Gbagbo s’est même empressé d’octroyer des blocs pétroliers à la frontière du Ghana au groupe Total, comme ça, cadeau. Dans son livre de campagne de 2010, il fait l’apologie du FCFA, allant même jusqu’à écrire que s’il gagne les élections, il ira convaincre le Ghana, le Nigeria etc. de rejoindre la zone franc. Alors, une fois qu’on a fait tout cela, peut-on vraiment s’offusquer de l’ingérence française en Côte d’Ivoire ? Gbagbo a offert la Côte d’Ivoire à la France (…). Quand je pense que j'ai été complice de tout ça, j'ai honte.

C’est vrai que j’aurais dû avoir le courage de démissionner pour marquer mon opposition à toutes ces dérives. Je ne l’ai pas fait. J’assume donc tous ces manquements aussi bien que tout le bilan de la Refondation. »

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Voici, selon moi, les vrais-faux aveux de Mamadou Koulibaly (comme si j’étais dans sa tête)