Mangou : en 2011, j’avais proposé qu’Abobo soit déclarée zone de guerre, le président Gbagbo a refus
- deuxidees
- 26 sept. 2017
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A propos " d’Abobo déclarée zone de guerre en 2011", voici l’échange très riche entre le Procureur et Philippe Mangou.
Le procureur : selon les lois ivoiriennes en vigueur, au moment de la crise post-électorale, était-il possible de déclarer une ou plusieurs parties du territoire de la Côte d’Ivoire comme zone de guerre ?
Mangou : Alors, je vois de quoi vous parlez et je vais vous préciser mon idée là-dessus.
Le procureur : excusez-moi… évidemment, au niveau des factuels. Pas les idées, les impressions, pas vos opinions… c’est vraiment au niveau factuel
Mangou : Heuuu !! Je vous dirais « oui ! », je vous dirais « oui ! » parce qu’il y avait une situation à Abobo qui était une situation de guerre… de guerre !!! Et la zone de guerre, ce n’est pas parce que ça porte le nom zone de guerre, comme je l’ai entendu dire ici, mais on ira tout bousiller, tuer tout le monde, non !!! Ah non !!! Prenez l’exemple Raqqa, prenez l’exemple de la crise que nous avons connue en Côte d’Ivoire, l’armée française nous a demandé de lui accorder 48 à 72 heures pour faire ressortir ses populations. Donc c’est dans ce sens-là, c’était pour assurer la sécurité de la population, pas pour tuer la population. Donc la zone de guerre, dans une situation pareille, où vous avez des éléments qui vous tirent dessus mais qui sont confondues à la population, il faut à un moment donné extraire la population de manière ç avoir une lisibilité, voir qui c’est votre ennemi, afin de traiter cet ennemi. Regardez un peu Raqqa, même dans les bombardements, on prend le temps de faire sortir la population. C’est pourquoi je dis « oui » parce qu’à Abobo il y avait une situation de crise où la population était vraiment en danger et il fallait l’extirper de cette zone.
Le procureur : est-ce qu’il a été question durant la crise post-électorale de permettre ce retrait de civils de la zone d’Abobo ?
Mangou : Oui !
Le procureur : Avec qui ?
Mangou : Oui, c’est ce que je vais vous dire. Ici ça été dit : « c’est le président qui l’a dit », ça été dit : « ça faisait partie de la planification », non ! C’est moi qui suis allé voir le ministre de la Défense pour la deuxième phase des opérations (à Abobo). La première phase, on est parti, ça été difficile, on n’a pas pu traiter l’ennemi parce qu’il était avec la population, Et quand on devait repartir suite à la mission que le président avait donnée, et pour éviter de retomber dans les mêmes erreurs, je suis donc allé voir le ministre pour lui proposer qu’on déclare Abobo zone de guerre pour nous permettre d’accomplir notre mission. Mais pourquoi zone de guerre ? Il s’agissait pour nous de sécuriser un ou deux quartiers en arrière de nos positions, donner 48 heures à 72 heures à la population pour qu’elle sorte de la zone par le biais d’un filtrage, de venir dans la zone sécurisée, pour nous permettre de savoir qui tire sur nous. Cette manière de faire a un avantage et un inconvénient. L’inconvénient, c’est que ça va retarder la manœuvre qui prendra plus de temps. L’avantage, c’est que nous sécurisons la population. Et le Commando invisible qui est là, qui voit que la population est en train de sortir aura deux solutions. La première solution est de faire la population, c’est-à-dire nous rejoindre ; ce qui est peu probable. La deuxième solution, comme tout le monde se retire et vient vers nous, le Commando Invisible va replier vers Anyama avec ses armes. Et c’est ce qui s’est passé quand ça a fuité, qu’ils ont appris qu’on a déclaré Abobo zone de guerre, ils sont allés sur Anyama. Voilà c’était çà l’idée.
Le procureur : En avez-vous discuté avec le Président de la République ?
Mangou : Alors, j’ai rendu compte au ministre de la Défense qui en a parlé au président. La réponse du président c’était « non ! » Et il a dit que, dans ses discours il disait souvent qu’il n’y avait plus de guerre en Côte d’Ivoire, et que s’il déclarait Abobo zone de guerre, cela allait prêter à confusion. Donc on ne l’a pas fait.
Le procureur : Donc on retient qu’Abobo n’a jamais été déclarée zone de guerre ?
Mangou : Jamais !!!
Le procureur : Et cette réponse c’était lors d’une discussion directe avec le président ou via le ministre ?
Mangou : Non ! Je me suis déplacé pour aller voir le ministre pour lui proposer ça. Le ministre a appelé le président. Ils en ont discuté. Il a reçu la réponse du président et il m’a ramené la réponse.
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